Ali ibn Abi Talib est le cousin du prophète de l'islam Mahomet et fils d'Abû Tâlib, oncle de Mahomet qui l'a élevé et protégé comme son propre fils après la mort de son père Abdullah. Dârimî (m. 255/ 869), s. d., Sunan, reprod. Elles posent, comme dans toutes les traditions religieuses, la question de la relation persistante entre le corps et l’âme dans la tombe. C’est du moins ce que préconise un rapport de 61 pages qui circule entre les mains des responsables en charge du lieu saint. D’un corps entre celui de ce monde et de l’autre dans la vie intermédiaire du barzakh, prolongeant ici les œuvres d’adoration ? Il portait en les épaules le sceau de la prophétie, lui qui était le Sceau des prophètes. supra). Dans l’une de ses invocations, le Prophète demande à Dieu une illumination totale, intérieure et posthume, des organes de la perception mais aussi de toutes les parties du corps, soulignant ainsi son rôle comme réceptacle ou temple de lumière se prolongeant dans l’au-delà : « … Ô mon Dieu, mets-moi une lumière dans mon cœur et une lumière dans ma tombe, une lumière devant moi et une lumière derrière moi, une lumière à ma droite et une lumière à ma gauche, une lumière au-dessus de moi et une lumière au-dessous de moi, une lumière dans mon ouïe et une lumière dans ma vue, une lumière dans mes cheveux, une lumière dans ma peau, une lumière dans ma chair, une lumière dans mon sang et une lumière dans mes os… » (Tirmidhî, s.d., IV : 235). lithographiée, reprod. Il aperçoit derrière lui un homme crépu, borgne de l’œil droit et tournant lui aussi autour de la KaÊ¿ba, avançant les mains posées sur les épaules d’un homme (donc derrière lui). Conformément à l’ambivalence du terme ḥarâm, l’illicite devient sacré car transformé par la confiance de ceux qui agissent avec une telle foi dans la sacralité et la réalité eschatologique du corps prophétique qu’ils franchissent les limites terrestres de la Loi et se retrouvent sous la protection de l’intercesseur par excellence. 8 sur la physiognomonie d’origine inspirée ou sapientiale. C’est à ces cheveux qu’il attribuait ses victoires (Bayhaqî, 1985, VI : 249). Pour les autres versions, voir Wensinck, 1992, I: 452. Cependant la terre de Médine, déjà sacralisée de son vivant et support de guérison43, devenue le réceptacle du corps sacré, fait l’objet d’une vénération exprimée par de nombreux poètes, comme l’auteur de la Burda : « Aucun parfum n’est comparable à une terre qui contient ses ossements. Il répond à ʿÂ’isha qui l’interroge sur ce changement de comportement : « N’éprouverais-je pas de la pudeur devant un homme devant qui les anges en éprouvent ? ». Kândihlawî Yûsuf, 1968, Ḥayât al-á¹£aḥâba, Beyrouth, 4 vol.Â, Muslim (m. 261/875), 1329 H, á¹¢aḥîḥ, Istanbul, 8 t., 4 vol.Â, Muttaqî al-Burhânpûrî ‘Alî (m. 975/1567), 1971, Kanz al-Ê¿ummàl fî sunan al-aqwàl wa l-afâl, Alep, 16 vol.Â, Nasâ’î (m. 303/915), 1930, Sunan, éd. 11 IV : 92-93 (jasad) et XIV : 365-366 (jism). En ce qui concerne les hommes, c’est leur contact plus ou moins proche avec le sacré qui confère à leur personne, et à leur corps en particulier, une sacralité plus ou moins grande. La même affirmation est attribuée à ‘Imrân b. Ḥuá¹£ayn (Ibn Ḥanbal, s.d., IV, 439). 45 Muslim, 1329 H, faḍâ’il 164, VII : 102. 13 Sur les développements de ce récit fondateur dans le chiisme, voir Amir-Moezzi,1992 : 145-154. La description de son apparence corporelle a même donné lieu à une sorte de “vulgate”, le hadith de Ê¿Alî qui le décrit très précisément : « Il n’était ni d’une grandeur excessive ni d’une petitesse ramassée mais d’une taille moyenne. 15 Sur l’ouverture du cœur avant le Micrâj, voir Bukhârî, 2001, manâqib al-Anṣâr 42, n° 3887. Il fit tomber son vêtement de dessus de son dos. Ê¿Afîfî Le Caire. et aux cheveux droits, comme un homme de Shanû’a. Mais les autorités religieuses wahhabites craignent que son tombeau ne devienne un lieu d’idolâtrie. Mohammed, le dernier des prophètes, est né en 570 dans le désert aride d’Arabie, environ six cent ans après Jésus (Paix sur lui) dans la ville de la Mecque, située dans une profonde vallée entourée par un rideau de montagnes dentelées, brunes et noires. 40Marie donne naissance à une incarnation du Verbe et de l’Esprit en désirant mourir, et pour cela son corps doit être conforté (Coran, XIX : 22-6). Dieu !! — Dieu, répond-il, a interdit à la terre de manger les corps des prophètes » (Ibn Ḥanbal, s. d., IV : 8. Sur un autre plan sans doute plus subtil que celui de la corporéité ordinaire, les prophètes sont considérés comme vivant dans leur tombe. Beyrouth s.d. 28 Sur la physiognomonie, voir T. Fahd, « firâsa », EI2, II : 937-938 et, en rapport plus étroit avec notre sujet : Ibn cArabî, 1919, chap. La structure cyclique de la sourate et l’insistance sur la composition et recomposition du corps, peuvent être mises en relation avec l’ordonnance progressive du Coran à laquelle le Prophète doit se conformer jusque dans les mouvements de son corps. Le récit de l’enfance du Prophète insiste sur sa rapide croissance dans le campement de sa nourrice Ḥalîma al-Sa‘diyya. Ils lui répondent qu’ils recherchent sa baraka. Les Enseignements du Prophète à Abû Tharr 162. Je vis le sceau et le reconnus. 51 Bukharî, 2001, anbiyâ’ 1, n° 3326 : « Dieu a créé Adam d’une taille de soixante coudées…Tout homme entrant au Paradis retrouvera la forme d’Adam, car les hommes n’ont cessé de diminuer jusqu’à maintenant ». Le Prophète, à la suite de son ancêtre, fit de même pour Médine3. 31Le Prophète est mort et enterré, et la présence de son corps fait de la terre (turbd) de sa tombe, de ses alentours et de Médine une terre-relique, comme le deviendra pour les chiites la terre de Kerbéla et, pour d’autres, celle de la tombe des saints44. Among the community of Muslims, the saints are the spiritual heirs of the Prophet, and their bodies reflect this heritage through their luminosity and extraordinary powers. Abû Tharr, Rapporteur du Hadith du Prophète (P) 157. Les divers passages que le Coran consacre à la réception du Verbe ou de l’Esprit par Marie illustrent on ne peut plus clairement le rôle du corps dans la transmission de la Parole : « Et Marie qui préserva son sexe si bien que Nous y insufflâmes de Notre Esprit. La sacralisation d’un lieu, d’une chose ou d’un être vivant les rend inviolables et marqués de certains interdits. Le bienfait de la prière de nuit Le Prophète (SWS) a dit : « Quand l’un de vous s’endort, le Diable fait trois nœuds derrière sa tête en disant sur chacun d’eux : « Que ta nuit soit longue ! URL : http://journals.openedition.org/remmm/2966 ; DOI : https://doi.org/10.4000/remmm.2966. Ses membres et sa carrure étaient forts. Ali ibn Abi Talib (vers 600-661) (en arabe : أبو الحسن علي بن أبي طالب, en persan : علی پسر ابو طالب). 19 Salmân raconte : « Lorsque l’Envoyé de Dieu me vit passer derrière lui, il sut que je cherchais à reconnaître quelque chose dont j’avais la description. Il répond à son maître qui lui demande pourquoi il a agi ainsi : « Il n’y a pas sur la terre d’homme meilleur que celui-ci ; il m’a informé de ce que seul sait un prophète » (Ibn Hishâm, 1955, I : 421). Beyrouth, 6 vol.Â. Quant au terme de badan, il n’est employé qu’une seule fois, à propos du corps de Pharaon rejeté par les flots, car il désigne, selon les commentateurs, “un corps sans esprit” (jasad lâ rûḥa fî-hi)9. On se contentera de citer ici le hadith : « De votre monde, m’ont été rendus aimables les parfums et les femmes, et la “fraîcheur de mon œil” m’a été donnée dans la prière »22. 26 Sur d’autres guérisons, en soufflant et en crachant à la fois, Bayhaqî, 1985 : VI : 173-4. Amir-Moezzi M. A., 1992, Le guide divin dans le shî’isme originel. Ces portraits du Prophète mériteraient une étude à part, tant du point de vue du lexique très particulier qui est employé que d’une comparaison possible avec les traités de physiognomonie et les descriptions de fondateurs d’autres traditions religieuses et spirituelles. Qui le voyait pour la première fois ressentait pour lui une crainte respectueuse ; qui le fréquentait, l’aimait. Une introduction à la pensée de Fazlur Rahman, Paris, Albouraq 2017, 154 p. A digital resources portal for the humanities and social sciences, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Vers une conclusion : le corps et la Révélation. Par deux fois, le Prophète le terrasse. Dans l’autre monde, les corps des hommes ne sont plus des voiles mais des révélateurs de leur condition ; pour le Prophète, seule compte sa fonction de témoin et d’intercesseur53. Il a empêché le versement du sang des innocents, et en même temps, il a ouvert au monde la voie du progrès et de la prospérité. Celle-ci tient soit à leur fonction, celle de prêtre par exemple, soit à leur proximité intérieure du divin, imperceptible comme telle mais identifiable à certains signes, corporels parfois. Elles permettent d’entrevoir les raisons profondes de la sacralité du corps prophétique54. Dans le Coran, jism pl. AccueilNuméros113-114I. Cette lumière, passée selon la Sîra, de son père ‘Abdallâh à sa mère Amîna (Ibn Hishâm, 1955 :156-157) représente la descente dans le monde des corps de l’Esprit prophétique13. est le livre de l’Imam Malik « Al-Mouatta ». 16 Sur cette question controversée et les différentes versions du récit, voir, entre autres, Ibn Kathîr, 1986, III : 108-117. Mais c’est cette année là que Dieu envoya l’ange Gabriel, pour l’élévation suprême du corps et de l’esprit, le voyage nocturne : Al Isra wal Mi’raj. Une tradition rapporte qu’il avait reçu la puissance sexuelle de quarante hommes (Ibn SaÊ¿d, s.d., I: 374) et qu’il faisait le tour de ses femmes en une nuit. Ibn al-Jawzî (597/1200), 1976, Al-Wafâ’ bi-ahwâl al-Mustafâ, éd. Although he continues to live, the state of the prophet’s dead body, like those of the martyrs, is for the Muslim community an anticipation of what will become of their bodies in the afterlife : transposed, illuminated. Quand il marchait, il hâtait le pas, comme s’il descendait une côte. On la trouve notamment dans une tradition où Ḥasan, fils de Alî, dit avoir interrogé son oncle maternel Hind Ibn Abî Hâla (un fils de Khadîja) sur l’aspect physique du prophète, car « il était connu pour décrire la “parure“ du Prophète » (kâna waṣṣâfan ‘an ḥilyat al-nabî) (Tirmidhî,1985 : 27 et Ibn Sa‘d, s.d., I : 422. Abû Tharr vu par le Prophète (P) 174. Quand il se retournait, c’était de tout son corps. ajsâm désigne le corps en général, l’aspect corporel de l’homme, parallèle ou opposé à sa dimension intérieure. 33 Comme dans l’histoire du moine Baḥîrâ ou de Salmân al-Fârisî (Ibn Hishâm, 1955, I : 182-183 et 220) ou celle du moine Nestor, assez semblable à celle de Bahîrâ, lorsque le Prophète retourne en Syrie à l’âge de 25 ans (Abû Nucaym al-Iá¹£fahânî, 1320 H. : 54). 4Le Coran ne parle pas du corps du Prophète, mais seulement de son cœur, lieu de descente de la Révélation. 26Le seul baiser, pour empressé qu’il fût, ne suffisait pas à certains. La tradition, reprenant la Genèse, selon laquelle Adam a été créé à l’image ou selon la forme de Dieu (Bukhârî, 2001 : isti’dhân 1, n° 6228) pose la question des rapports subtils et mystérieux entre le corps et l’âme ou l’esprit. De même que les croyants et les croyantes vénèrent son corps sacré, ses épouses, témoins de son intimité, doivent à partir d’un certain moment se retirer derrière le voile de leur sacralité, en tant qu’épouses du Prophète et mères des croyants (Coran, XXXIII : 53 et 6). 52 Bukharî, 2001, wuḍû’ 3, n° 136. 5La langue arabe connaît trois termes différents pour désigner le corps, reflétant ainsi la complexité de la relation avec le corps et l’esprit. bilingue, Beyrouth, 8 vol. D’après Jâbir b. Les soins dont il est l’objet et les rites qu’il permet d’accomplir ne sont que l’expression visible de la purification et du cheminement intérieur de l’âme. À Ḥudaybiyya, un émissaire des Qurayshites venu en pourparlers, est frappé de voir les Compagnons se précipiter pour boire l’eau restant dans le récipient où le Prophète a fait ses ablutions40. Lorsqu’il enseigne aux Compagnons l’excellence du jour de vendredi et leur recommande de pratiquer intensément la prière ou la demande de grâce pour lui ce jour, « car, dit-il, votre prière m’est présentée » (fa-inna á¹£alâta-kum mdrûda 'alayyd), ceux-ci s’interrogent : « Comment notre prière sera-t-elle présentée, alors que tu ne seras plus qu’ossements en poussière (wa qad arimtd) ? 3Nous avons choisi ici de montrer que la vénération du corps des saints et l’évocation de leurs qualités physiques suivent en grande partie le modèle du Prophète vénéré et décrit par ses Compagnons6. 9Dans sa vie conjugale, jamais il ne se montre nu ni ne porte son regard sur les parties intimes de ses épouses21, malgré la licéité de ce regard entre époux. Dans le hadith, les occurrences de jasad, beaucoup plus nombreuses que celles de jism, très peu attesté, confirment le sens de corps dans sa relation avec l’esprit12. Son jeune serviteur, Anas b. Mâlik, donne de lui cette description : « Il avait une taille moyenne et n’était ni grand ni petit. Ḥasanayn M. Makhlûf, Le Caire.