Les trappistes, à la suite des Pères du Désert et de saint Benoît, considèrent que parler peu permet d'approfondir la vie intérieure ; le silence fait donc partie de leur spiritualité. Il entretient d'excellents rapports avec les seigneurs locaux. Ils sont souvent d'ailleurs particulièrement exigeants en ce qui concerne la qualité des supports utilisés (vélin) ou les couleurs souvent obtenues à partir de pierres précieuses (lapis lazzuli)[74]. L'ordre primitif ne tourne jamais le dos aux études, mais il s'inscrit au départ dans un courant d'opposition aux villes, principaux lieux de savoir. Rien ne doit le perturber dans sa vie intérieure. Orants, ils cherchent à observer avec ardeur la règle de saint Benoît et à orienter les fidèles vers « la contemplation du Christ incarné et, par une déduction logique, de sa mère Marie », […] « vers une piété plus sensible et une religion plus charnelle[70] ». Les abbayes créées par Cîteaux ont besoin du lien qui va être la marque de leur appartenance à l'application stricte de la règle de saint Benoît et rendre les communautés monastiques solidaires. En 1090 Robert, avec quelques compagnons, choisit de s'éloigner pour un temps de l'abbaye et de ses dissensions et s'établit avec quelques frères à Aulx pour y mener une vie d'ermite[17]. Il y a actuellement dans le monde environ deux mille cinq cents moines trappistes et mille huit cents moniales trappistines. Qu'il soit doux sans être léger, qu'il charme l'oreille afin d'émouvoir le cœur, qu'il soulage la tristesse, qu'il calme la colère, qu'il ne vide pas le texte de son sens, mais le féconde, « c'est alors qu'ils seront vraiment moines, lorsqu'ils vivront du travail de leurs mains, à l'exemple de nos pères et des Apôtres », « l'oisiveté est ennemie de l'âme et les frères doivent s'occuper à certains moments par du travail manuel », « On apprend beaucoup plus de choses dans les bois que dans les livres ; les arbres et les rochers vous enseigneront des choses que vous ne sauriez entendre ailleurs », « une vie ritualisée, rythmée […] où chaque action obéissait à des règles formelles bien précises et était accompagnée par des gestes rituels […] ou, lorsque la parole était autorisée, par des phrases rituelles », « Fuyez du milieu de Babylone, fuyez et sauvez vos âmes. Chaque abbé doit se rendre chaque année à Cîteaux pour le Chapitre général, organe suprême de gouvernement et de justice, autour de la fête de la Sainte Croix (14 septembre), à la suite desquels des statuts étaient promulgués. Au Moyen Âge, les voies commerciales principales sont fluviales et maritimes : les routes longent les fleuves ou font la jonction entre les bassins fluviaux, mais permettent des débits bien inférieurs. Il y avait toutefois une pratique spécifique visant directement la mortification, programmée tous les trois mois, en février, avril, septembre et vers la Saint-Jean : la saignée ou minutio, pratiquée uniquement sur le sujet sain. La destruction de l'abbaye de Cîteaux a privé l'ordre de son chef naturel et le renforcement des nationalismes en Europe ne facilite pas la recherche d'une solution commune. Par la connaissance de sa propension au péché le moine se doit d'exercer, comme Dieu, la miséricorde et le charité envers tout homme. Au XVIIe siècle, l'histoire de l'ordre est troublée par un conflit que l'historiographie a retenu sous le nom de « guerre des Observances » qui s'étend de 1618 aux premières années du XVIIIe siècle. Parfois dans des pays instables : en 1996, pendant la guerre civile algérienne, sept moines du monastère de Tibhirine en Algérie sont enlevés et séquestrés pendant deux mois avant d'être retrouvés morts le 21 mai. Ces grandes bibliothèques permettent aussi un travail plus critique sur ceux-ci. Termes plus larges (3) Femmes et christianisme. Cependant, les convers avaient droit à davantage de sommeil en raison de leur plus lourde charge de travail, et étaient donc dispensés de ce premier office. Les moniales cisterciennes, principalement au XIIIe siècle, ont compté plusieurs saintes comme Sainte Lutgarde en Belgique, Sainte Hedwige en Pologne, les saintes Gertrude de Helfta et Mathilde de Magdebourg, toutes deux du couvent de Helfta, en Saxe, haut-lieu de la mystique rhénane (un des nombreux monastères féminins qui suivaient les usages de Cîteaux sans être juridiquement affiliés à l'ordre : car celui-ci redoutait de devoir fournir des aumôniers à trop de maisons de moniales). », Étienne Harding précise en 1110 à la préface de l', « Nous faisons connaître aux fils de la sainte Église que ces hymnes, certainement composés par le bienheureux archevêque. Ainsi, l'abbaye de Cîteaux doit payer 200 livres dijonnaises au chapitre de Langres pour obtenir le droit de faire passer une dérivation de la Cent-Fonts[153]. Au XVIe siècle l'abbaye de Vauluisant ne compte plus que treize moines, à la fin du siècle seulement dix[58]. Il y a là une rupture avec l'idéal de renoncement au monde, manquement souvent dénoncé par les contemporains. Les références nombreuses à des « lieux d'horreurs » dans les documents primitifs renvoient à des topoï bibliques. Des chroniqueurs et des exégèses de renom se forment à l'école cistercienne. En effet, c'est au IVe concile de Latran (1215) que « le mot « bénédictin » apparut pour désigner les moines qui n'appartenaient à aucun Ordre centralisé »[4] par opposition aux Cisterciens. Elle est indispensable aux drapiers Flamands et aux commerçants italiens dont l'une des activités principales est la coloration des draps (en 1273, les éleveurs anglais tondent 8 millions de bêtes, ce qui correspond à 3 500 tonnes de laine exportées !)[150]. Dès lors, ce qui fait la popularité de l'ordre à ses débuts disparaît et il décline au profit des ordres mendiants. À Cluny, l'agriculture est devenue une activité extérieure[8]. Il ne refuse pas rouerie, ruse, mauvaise foi ou injures pour abattre son adversaire. Les vendredis de carême, les moines devaient même se contenter de pain et d'eau jusqu'à la fin du XIIIe siècle. Le recrutement s'en ressent. Mais sous l'impulsion de Bernard de Clairvaux, mû par un idéal d'austérité, un style plus épuré apparaît vers 1140. — Benoît XII, Constitution Benedectina, 1335[57]. Pour favoriser la cohésion, éviter les discordes et fonder des relations organiques entre les monastères, dès 1114, Étienne rédige une Charte d'unanimité et de charité[43]. Patiemment, ils obtiennent des exemptions fiscales sur les axes commerciaux qu'ils utilisent et peuvent augmenter leur marge sur les produits qu'ils commercialisent[181]. Les bois et les pierres t'apprendront plus que n'importe quel maître. Bernard, maître à penser de la Chrétienté, appelle les seigneurs à la reconquête de la Terre sainte le 16 février 1147 ; les Cisterciens prêchent lors de la troisième croisade (1188-1192), certains frères y participent personnellement. Tu trouveras bien plus dans les forêts que dans les livres. En entrant au monastère, le moine laisse tout, sa vie est rythmée par la liturgie. Dès les premières décennies du XIIe siècle, la vie communautaire est marquée par l'organisation des tâches manuelles qui découle d'une nouvelle conception de l'unité foncière et du rôle de l'entreprise agricole. La règle bénédictine se présente comme une synthèse entre des exigences contraires : indépendance économique et activité liturgique, activité apostolique et refus du monde. Étienne, noble anglo-saxon à la solide formation intellectuelle, est un moine formé à l'école de Vallombreuse qui a déjà joué un rôle majeur dans les événements de 1098. La production des granges est très largement supérieure aux besoins des abbayes qui revendent alors leurs surplus. Tout en veillant sur Clairvaux dont il est resté toute sa vie abbé, Bernard a une influence religieuse et politique considérable en dehors de son ordre[35]. La vie cistercienne apparaît ainsi comme « une vie ritualisée, rythmée […] où chaque action obéissait à des règles formelles bien précises et était accompagnée par des gestes rituels […] ou, lorsque la parole était autorisée, par des phrases rituelles »[94]. Ces démêlés judiciaires contribuent à rendre l'ordre impopulaire, d'autant que cette politique d'acquisition foncière se fait souvent au détriment des habitants qui sont parfois purement et simplement expulsés[177]. Les religieux sont placés sous la règle de Saint Augustin par le patriarche de Jérusalem. Puis, d'autres monastères se créent et s'incorporent à l'ordre. Des vases, de l'eau avec des herbes odoriférantes et les linges étaient préparés par les serviteurs, fonction assumée chaque semaine par d'autres moines, et à ne pas confondre avec les servants. Mais si les deux ordres cisterciens sont actuellement séparés, des liens étroits d'amitié et de collaboration existent entre eux, notamment dans les domaines de la formation et de la réflexion sur leur charisme commun. En 1134, le Chapitre général prescrit une série de mesures concernant l'art sacré, les lieux saints ne devant recevoir aucun décor sculpté ou orné. Notre premier soin a été … Il ne faudrait cependant pas voir dans la « fiévreuse activité de réforme[10] » une critique ouverte à l'encontre de Cluny, mais plutôt une volonté d'exprimer l'héroïsme du temps dans une voie bénédictine plus sévère, par un retour à la rigueur des pères du désert[11]. Les Statuts des moines cisterciens venus de Molesme, rédigés dans les années 1140, s'offrent comme une mise en ordre de l'idéal primitif : stricte observance de la règle bénédictine, recherche de l'isolement, pauvreté intégrale, refus des bénéfices ecclésiastiques, travail manuel et autarcie. Avec Bernard de Clairvaux qui intervient de façon plus ou moins directe comme arbitre, conseiller ou guide spirituel dans les grandes questions du siècle, l'ordre cistercien prend le rôle de gardien de la paix religieuse. Ils sont tout d'abord logés dans une maison du Bourg Saint-Landry. En définitive, si le choix d'une fondation dépend d'« un savant mélange fait de piété, de politique et de pragmatisme […] le paysage a peut-être joué un rôle dans la formation de la spiritualité du nouvel ordre[49] ». L'insufflation d'air sous pression permet d'élever la température à l'intérieur des bas fourneaux à plus de 1 200 °C[171] : à cette température, le four peut produire de la fonte en fusion. Puis, devant le Chapitre général en 1618, une proposition de généralisation est présentée puis adoptée. Le 16 novembre 1106 Gauthier, l'évêque de Chalon, consacre sur ce nouveau site la première église construite en pierre. Dès 1168, les moines de Clairvaux vendent du fer[168] ; les Cisterciens sont les premiers sidérurgistes de Champagne, du milieu du XIIIe au XVIIe siècle[174], utilisant aussi le laitier riche en phosphates de leurs fours comme engrais agricole[172]. Il s'agit de domaines ruraux cohérents avec bâtiments d'exploitation et d'habitation regroupant des équipes de convers spécialisés dans une tâche et dépendants d'une abbaye mère[143]. Il se tenait quotidiennement à la salle capitulaire ou salle du chapitre. Suivaient la commémoration des frères défunts et la lecture d'un extrait de la règle de saint Benoît. L'ordre s'illustre dans la lutte contre les Cathares, dont la doctrine est condamnée et combattue par l'Église. Aux saisons comptant deux repas chauds par jour, le premier repas était fixé pour midi et la quatrième prière sexte devait donc être avancé, jusqu'à 10 h 45 selon les cas ; sinon, sexte était prié à midi. Depuis le Concile Vatican II, plus aucune distinction n'est faite, canoniquement parlant, entre un « ordre », une « congrégation » ou autre institut religieux. La transformation des Cisterciens en décimateurs ordinaires s'opère dès les années 1200[185]. Les Cisterciens ont en effet besoin d'outillage agricole, mais aussi de terrassement, de construction, de clous pour les charpentes, de ferrures pour leur vitraux ou de serrures, et quand les techniques architecturales évoluent, d'armatures en fer pour leurs bâtiments. Par suite, cette charte des premiers cisterciens qu'est le Petit Exorde de Cîteaux définit le moine, par opposition à celui qui touche des dîmes, comme celui qui possède des terres et en tire sa subsistance par son propre travail et celui de son bétail[82]. Les jours sans deuxième repas chaud, les moines pouvaient garder le restant du pain du dîner pour un en-cas après vêpres, et manger des fruits crûs, des radis ou de la laitue[104]. Les autorités laïques et ecclésiastiques souhaitent qu'il insuffle son esprit dans l'Église régulière et séculière. Avec le développement des universités, le niveau culturel s'accroît et les Cisterciens doivent s'impliquer dans la formation de leurs jeunes moines. Les cisterciens acceptent cependant le soutien et le contrôle de l'évêque du lieu en cas de conflit au sein de l'ordre.