Selon Claude Lévi-Strauss, qui consacre plusieurs pages de son ouvrage L'homme nu à une analyse du Boléro, cet anéantissement est résumé tout entier dans la grande dissonance de l'avant-dernière mesure, qui « signifie que désormais plus rien n'a d'importance, du timbre, du rythme, de la tonalité ou de la mélodie »[67]. Elle revivifie la consonance, lui donne du lustre ; rend plus chatoyantes ses facettes, plus irisés ses reflets. Le Boléro est une oeuvre typique du XXe siècle, l'utilisation du Saxophone et des nombreuses – Source. La création new-yorkaise fut triomphale et la critique du New York Times, signée par Olin Downes, fut dithyrambique pour Ravel dont fut notée « l'orchestration extraordinaire »[N 14]. », « On peut dire que depuis la venue des ballets de Mme Rubinstein à l'Opéra de Vienne où deux spectacles de Ravel formaient la plus belle partie du programme, ce dernier compositeur a été le héros favori de la capitale autrichienne. Boléro’s famous theme came to him on holiday in Saint-Jean-de-Luz. Interrogé en 1932 sur les sources d'inspiration de son Concerto en sol, il revint au Boléro en expliquant : « Une bonne part de mon inspiration vient des machines. Ce passage a été loué pour son originalité par plusieurs critiques et musicologues, parmi lesquels Robert Brussel[N 29] et Nicolas Slonimsky, selon lequel[85] : « Il y a un effet instrumental dans la partition du Boléro qui est unique. Enfin on peut observer que le Concerto en sol, qui est postérieur au Boléro et contemporain du Concerto pour la main gauche, échappe à ces analyses. Le seul élément de diversité y est apporté par le crescendo orchestral, « si transparente au premier coup d'œil qu'elle n'appelle aucun commentaire », « narre sur plusieurs plans simultanés une histoire en réalité fort complexe, et à laquelle il lui faut donner un dénouement », « l’homme de la rue se donne la satisfaction de siffler les premières mesures du, « le morceau est en lui-même une école d'orchestration », « toute cette partition est à étudier en détail, pour l'équilibre et la gradation des sonorités », « de créer une formule inédite de composition musicale : le « thème et variations » sans variations, ou du moins avec variations de couleur. C'est pourquoi le Boléro de Ravel est en général la seule œuvre de musique classique qu'ils connaissent et qu'ils aiment »[109]. Le succès du Boléro aux États-Unis fut inhabituellement rapide pour une œuvre de musique symphonique, au point qu'on envisagea de le mettre en paroles pour en faire un chant populaire[34]. C’est peut-être en raison de ces singularités que pas un seul compositeur n’aime le Boléro – et de leur point de vue ils ont tout à fait raison. Le musicologue Willi Reich, qui assista à la représentation viennoise en 1929, rapporta[28] : « Avec une indifférence quasi démoniaque, Ida Rubinstein tournoyait sans arrêt, dans ce rythme stéréotypé, sur une immense table ronde d'auberge, cependant qu'à ses pieds les hommes exprimant une passion déchaînée, se frappaient jusqu'au sang. La gestion des colossales retombées économiques du Boléro, qui dépasseraient les 46 millions d’euros entre 1970 et 2006, est l'objet de polémiques[142],[143]. While working on the transcription, Ravel was informed that the movements had already been orchestrated by Spanish conductor Enrique Fernández Arbós, and that copyrightlaw prevented any other arrangement from being made. A partir du chiffre 16 (partition d'orchestre Ed. Since this work was first published after 1924 with the prescribed copyright notice, it is unlikely that this work is public domain in the USA. Par son ostinato rythmique invariable et sa mélodie entêtante qui fait le tour de l’orchestre à travers les différents timbres des instruments, le Boléro de Maurice Ravel, un ballet aux influences ibériques, est une œuvre mondialement connue. D'un seul mouvement, long de 340 mesures, le Boléro est divisé par Ravel en dix-huit sections numérotées de [1] à [18] (pour les besoins de la description, une section [0] implicite est rajoutée ci-après) qui correspondent à autant de séquences analogues[66]. Cette œuvre singulière, que Ravel disait considérer comme une simple étude d’orchestration, a connu en quelques mois un succès planétaire qui en a fait son œuvre la plus célèbre et, de nos jours encore, une des pages de musique savante les plus jouées dans le monde. Apprenant l’embarras de son confrère, Arbós aurait proposé de lui céder gracieusement ses droits sur Iberia[6], mais Ravel avait déjà changé d'idée[N 6]. ». Livraison mondiale. À cet égard la progression dramatique et le long crescendo final de La Valse, achevée huit ans plus tôt et dont Ravel avait expliqué la dimension fatale, peuvent être regardés comme des préfigurations du Boléro[N 46],[N 47],[N 48]. Orígens de l'obra. La cellule rythmique du Boléro comporte deux mesures, la seconde étant une répétition de la première avec une variation minime dans le troisième temps. La mélodie du Boléro est entièrement originale, à l'exception du dernier motif du contre-thème, que Ravel avait déjà utilisé, dans une tonalité différente, dans la Feria de la Rapsodie espagnole[N 32]. Faire le questionnaire 1 sur l'ostinato pour ceux qui ne l'ont pas encore fait ! » après avoir entendu l’œuvre, Ravel affirma : « Celle-là, elle a compris »[N 43]. Mais à la fin de juin 1928, alors qu’il avait commencé le travail (le ballet devait au départ s’appeler Fandango), il fut averti par son ami Joaquín Nin que les droits d’Iberia étaient la propriété exclusive d'Enrique Arbós, directeur de l'orchestre symphonique de Madrid et ancien disciple d’Albéniz, et qu'ils étaient déjà en cours d'exploitation pour un ballet destiné à La Argentina[N 4]. Il a fait alors le, « un grand chef d'orchestre [en qui les circonstances indiquées font reconnaître Toscanini, ndr] avait dirigé le, « On sait que, début mai 1930, il aura une vive altercation avec Arturo Toscanini venu diriger le New York Philharmonic à l'Opéra de Paris, concert comportant un, « Toscanini le dirige deux fois plus vite qu'il ne faut et élargit le mouvement à la fin ». L'architecture de l'œuvre, « si transparente au premier coup d'œil qu'elle n'appelle aucun commentaire », explique Claude Lévi-Strauss, « narre sur plusieurs plans simultanés une histoire en réalité fort complexe, et à laquelle il lui faut donner un dénouement »[67]. Ecoutez ou Télécharger Ravel Bolero.mp3 gratuitement. La SACEM a cependant rejeté ces nouvelles prétentions, rendant publique l'œuvre le 2 mai 2016[149]. Mais, cette fois, il semble avoir voulu tenir une gageure. Comme pour le thème A, les quatre dernières présentations se caractérisent par une alternance entre des jeux d’octaves et des jeux de tierces et de quintes ; d’abord aux petits bois, suivis des cordes et de la première trompette, puis des cordes et du premier trombone, la dernière phrase et sa modulation sont confiées à un tutti de flûtes, saxophones, cuivres clairs et premiers violons. MP3 • Annoter cette partition. Telle est la suprême habileté des moyens que la fin proposée est irréalisable. "[25] Lanford also contends that Boléro was quite possibly a deeply personal work for Ravel. Le thème B, présenté également neuf fois, utilise les registres aigus voire suraigus d’instruments graves, mais aussi des instruments parmi les plus aigus. La répétition et l'amplification sonore d'un thème mélodique avaient déjà été expérimentées par d'autres compositeurs, par exemple par Ludwig van Beethoven dans la première partie de l’Allegretto de la Septième symphonie, et par Claude Debussy dans le second de ses Nocturnes pour orchestre. Et cet effet, si bien rendu par le chef d'orchestre, était l’œuvre d'un compositeur de 53 ans, d'un homme frêle et de petite stature, mais qui, techniquement parlant, est dans le monde actuel l'un des maîtres les plus achevés et les plus subtils dans l'art de composer et d'orchestrer. The other significant "key doubling" involves sounding the melody a 5th above or a 4th below, in G major. Le « Boléro » de Ravel par l'Orchestre National de France, © Radio France. Ravel himself, however, had a different conception of the work: his preferred stage design was of an open-air setting with a factory in the background, reflecting the mechanical nature of the music. Pour Raoul Brunel dans L'Œuvre, « Rien de ce qu'écrit ce grand musicien n'est indifférent. There are no contrasts, and practically no invention except the plan and the manner of execution. Avant de quitter la scène pour aller à son rendez-vous avec la mort, ce Rastelli de l’instrumentation a exécuté avec le sourire la plus éblouissante et la plus brillante de ses jongleries »[82]. C’est d’ailleurs la danseuse russe et icône de la Belle Époque Ida Rubinstein qui commanda l’œuvre à Ravel. Before Boléro, Ravel had composed large-scale ballets (such as Daphnis et Chloé, composed for the Ballets Russes 1909â1912), suites for the ballet (such as the second orchestral version of Ma mère l'oye, 1912), and one-movement dance pieces (such as La valse, 1906â1920). At the first performance, both the sopranino and soprano saxophone parts were played on the B♭ soprano saxophone, a tradition which continues to this day.[15]. The bass line and accompaniment are initially played on pizzicato strings, mainly using rudimentary tonic and dominant notes. Finally, the work descends from a dissonant B♭ minor over F minor chord to a C major chord. Ravel réutilisa ce procédé, de façon beaucoup plus limitée, dans la seconde partie du Concerto pour la main gauche, où le thème est repris et amplifié sur fond de rythme binaire immuable. Six bars from the end, the bass drum, cymbals and tam-tam make their first entry, and the trombones play raucous glissandi while the whole orchestra beats out the rhythm that has been played on the snare drum from the very first bar. Suivant un raisonnement analogue, Marnat considère que le thème devient « intoxicant »[102] à force de répétition et que « cette musique venue d'un Orient de pastorale aboutit à la plus hurlante des apocalypses »[111]. 10% offerts : Livraison gratuite dès 25 € d'achats et des milliers de CD. Le temps, donné à titre indicatif, est celui de la version de référence enregistrée sous la direction de Maurice Ravel lui-même, avec l’. (...) Pas de musique, pas de composition : seulement un effet d'orchestre. Le Boléro est, parmi ses propres œuvres, une de celles que Ravel a le plus commentées et la seule pour laquelle il reconnut avoir relevé le défi qu’il s’était fixé. Maurice Ravel l’a créée en 1928, sur commande. Sa progression mécanique, son rythme, sa répétition et son crescendo inexorables en font pour plusieurs auteurs une œuvre inquiétante et tourmentée, irrésistiblement vouée à son effondrement final. Le Boléro de Ravel a aussi donné le nom au groupe Les Blérots de R.A.V.E.L.. C’était le seul moyen de la faire passer »[45]. Les trois dernières expositions impliquent pour la première fois les violons, d’abord en jeux d’octaves avec les petits bois, puis, divisées dans les pupitres, en jeux de tierces et de quintes avec le cor anglais et le saxophone ténor en sus, le tout forte. Le thème A est présenté neuf fois, toujours avec des instruments aigus, voire suraigus. ». Pour Gut, le Boléro se singularise toutefois en ce que « le phénomène répétitif atteint ses plus extrêmes conséquences puisqu'il touche les trois paramètres principaux de l'écriture musicale : le rythme, la mélodie et l'harmonie »[94]. Boléro is a one-movement orchestral piece by the French composer Maurice Ravel (1875â1937). soprano saxophone (original score, interchanged from sopranino saxophone, bass clarinet, bassoons, harp, 2nd violins, violas, cellos, and double bass, 1st oboe, oboe d'amore, cor anglais, and clarinets (all, bass clarinet, bassoons, 1st/2nd trumpets (, piccolo, flutes, oboes, cor anglais, clarinets, and tenor saxophone (all, bass clarinet, bassoons, contrabassoon, harp, 1st violins, violas (, flutes, piccolo, oboes, clarinets, and 1st violins (, 1st oboe, clarinets (both at first two bars), and below, flutes, piccolo, oboes, cor anglais, clarinets, tenor saxophone, and 1st/2nd violins (2nd violins, bass clarinet, bassoons, contrabassoon, 1st/2nd horns, sopranino saxophone, timpani, harp, violas, cellos, and double bass, flutes, oboes, cor anglais, 1st trumpet, and 1st/2nd violins, flutes, oboes (first two bars), and below. Certains instruments ne sont utilisés que le temps de quelques mesures : saxophone soprano, grosse caisse, cymbales, tam-tam. Mais l'immense popularité du Boléro tend à masquer l'ampleur de son originalité et les véritables desseins de son auteur. Ravel a trouvé le moyen non seulement d'éviter toute monotonie, mais d'éveiller jusqu'au bout un intérêt toujours croissant, en répétant vingt fois (sic) son thème comme un motif de frise, en demandant à la seule magie de la couleur vingt changements d'éclairage qui nous conduisent, émerveillés, d'un bout à l'autre de ce paradoxe musical. In 1934, in his book Music Ho!, Constant Lambert wrote: "There is a definite limit to the length of time a composer can go on writing in one dance rhythm (this limit is obviously reached by Ravel towards the end of La valse and towards the beginning of Boléro). Les sections chiffrées de [1] à [18] sont les indications données par Ravel dans la partition (la section [0] est implicite). Ravel lui-même était au pupitre, soulignant par ses gestes brefs et précis l'élément automatique de l'action scénique, gestes moins appropriés à conduire l'orchestre qu'à exprimer l'immense tension intérieure de la composition. Quand une œuvre tombe-t-elle dans le domaine public ? La phrase du début va revenir, toujours identique, sur le rythme immuable du boléro. Lors d'un concert à l'Opéra Garnier le 4 mai 1930, le grand maestro italien Arturo Toscanini, à la tête de l'orchestre philharmonique de New York, prit la liberté d’exécuter le Boléro deux fois plus vite que prescrit et avec un accelerando final[N 15],[N 16]'[N 17],[N 18],[N 19]. Ce jugement a été retenu par Nicolas Slonimsky pour ces comparaisons excessives, dans son Lexicon of Musical Invective (Lexique d'invectives musicales), anthologie de critiques négatives appliquées à des œuvres de musique classique reconnues par la suite comme des chefs-d'œuvre[132]. Vous m'annoncez que vous vous occupez d'un, Dans une lettre à Roger Haour du 4 décembre 1928, Ravel donne la date précise du 15 octobre pour l'achèvement de l'œuvre, « Ce spectacle suait l'ennui provincial. Prenant au sérieux cette réponse, Serge Gut estime que « par delà la folie, le Boléro est une sorte de danse sur le volcan qui se veut aussi être une danse de la fin du monde, à tout le moins, de la fin d’un monde »[94]. »[58]. André Suarès pense déceler dans le Boléro « l'image sonore du mal qui a peut-être tourmenté Ravel toute sa vie, et qui, à la fin, devenu si affreux, si cruel, après s'être emparé de son cerveau, s'est rendu maître de tout son corps »[110]. [1] Par la suite, certains chefs d'orchestre, dont Philippe Gaubert, laissèrent la baguette à Ravel lui-même quand le Boléro figurait au programme[50]. [11] An exchange took place between the two men backstage after the concert. Pour Michel Philippot, « si le Boléro dut son succès à la répétition incantatoire d'une même ligne mélodique, le génie de son auteur réside en la variation perpétuelle de l'instrumentation et de l'orchestration qui, remplaçant les développements traditionnels, en font l'une des œuvres les plus originales du début du XXe siècle »[88]. [35] The effect would be to extend the copyright until 2039. Cette hypothèse est critiquée, à la fois par des neurologues et par des musicologues[120]. In the United States, the work is under copyright until 1 January 2025 as it was first published in 1929 with the prescribed copyright notice. Ravel's Bolero is performed by the Orchestre Philharmonique de Radio France under Lionel Bringuier 's direction. », D’après la structure de l’œuvre établie par, « La volonté, disons même la gageure, jouait un rôle considérable dans sa création, l'exaltait en quelque sorte. Boléro fut redonné par les ballets de Rubinstein, chaque fois avec un grand succès public, en décembre à Bruxelles[19] puis, en 1929, à Monte-Carlo en janvier[20], à Vienne en février[21]'[N 12], à Milan en mars[23], à nouveau à Paris en mai, sous la direction de Ravel lui-même[24] et en présence de Prokofiev[19],[25], puis à Londres en juillet 1931[23]'[26]. Pour Vladimir Jankélévitch, le fait d'avoir rendu l'uniformité supportable par le seul jeu de la couleur instrumentale est une démonstration originale de « variété de la monotonie », tandis que le Boléro participe selon lui d'une « richesse de la pauvreté » et d'une « esthétique de la gageure »[89] qu'Arthur Honegger déjà avait notée[N 31]. Elle comprend deux thèmes de seize mesures, subdivisés en un antécédent et un conséquent de huit mesures chacun. Voir aussi la boutique partitions de Ravel, Maurice. Et à partir de 1930, sans cesse sollicité, il ressentit le besoin de préciser ses intentions quant à la signification de son œuvre[74] : « Je souhaite vivement qu’il n’y ait pas de malentendu au sujet de cette œuvre. », « Toscanini (...), s'étant laissé emporter par sa fougue tout italienne, ne tint aucun compte de la juste demande de l'auteur et fit un superbe, « Toscanini l'a dirigé absolument d'une façon extraordinaire, vous ne pouvez pas imaginer... mais un peu plus de deux fois plus vite. Il était revenu à un projet expérimental qui avait germé en lui quelques années plus tôt[N 7] : « Pas de forme proprement dite, pas de développement, pas ou presque pas de modulation ; un thème genre Padilla, du rythme et de l’orchestre », écrivit-il à Nin durant l’été 1928[9]. Ernest Ansermet had originally been engaged to conduct during the entire ballet season, but the musicians refused to play under him. The first such doubling involves a horn playing the melody in C, while a celeste doubles it 2 and 3 octaves above and two piccolos play the melody in the keys of G and E, respectively. Serge Gut entend démontrer que le Boléro détruit tout principe d'harmonie en la réduisant à l'accord parfait renversé de do majeur[94]. [22] In a newspaper interview with The Daily Telegraph in July 1931 he spoke about the work as follows:[19]. La Bibliothèque nationale de France en est actuellement dépositaire (MS-21917)[N 51].