» S’il se réveille entre temps et év 53 On remarquera toutefois que dans une appréhension totale de la personne du Prophète la sacralité du son corps et son intercession dans ce monde et l’autre ne sont jamais séparées. Dans une anecdote similaire, un autre des Anṣâr, Sawâda b. Ê¿Amr, embrasse le corps du Prophète, en disant du talion : « J’y renonce, pour que tu intercèdes pour moi le Jour de la Résurrection »39. Un jour il met ainsi en garde ses compagnons : « … Je suis votre imam ; ne me précédez pas dans l’inclinaison ni dans la prosternation et ne relevez pas la tête avant moi car je vois devant moi et derrière moi. Le prophète ne se mettait jamais en colère(sauf pour Dieu) si les gens lui faisaient du tord, il pardonnait : Le prophète (Prière et bénédiction d’Allah sur lui) séjourna pendant dix jours parmi les gens de Tâif . 25Lors de la bataille de Badr, le Prophète, en alignant les rangs au moyen d’une flèche, pique assez durement le ventre d’un des Anṣâr de Médine, Sawâd b. Ghâziyya qui s’exclame : « — Ô Envoyé de Dieu, tu m’as fait mal et Dieu t’a envoyé avec la vérité et la justice. Ibn Mâja,1972, á¹­ahâra, 15, hadîth n° 301. Il est recommandé au Prophète de ne pas remuer la langue pour hâter la venue de la Révélation car il appartient à Dieu de réunir le Coran en lui et d’en donner la première lecture. It is deeply venerated by te prophet’s Companions. Dans l’une des traditions rapportées par ‘Alî, celui-ci raconte qu’il prêchait au Yémen où l’avait envoyé le Prophète. 32De quel corps s’agit-il ? Ce même verbe est employé pour la projection du Verbe en Marie, de l’Esprit de la révélation sur les prophètes et du Coran sur Muḥammad, comme « parole lourde », ce que la Sunna exprime en des termes très physiques (respectivement, Coran, IV : 171 ; XL : LXXIII ; 73 : 5). La sacralisation d’un lieu, d’une chose ou d’un être vivant les rend inviolables et marqués de certains interdits. M. Zuhrî Al-Najjâr, Riyâd, 2 vol.Â, Ibn Ḥajar al-Haytamî (m. 974/1567), 1967, MajmaÊ¿ al-zawâ’id, reprod. — Je l’ai mis dans l’endroit le plus caché, là où personne ne peut le voir. Il finit par obtempérer mais tombe aussitôt évanoui et se revêt (Ibn Hishâm, 1955, I: 183). bilingue, Beyrouth, 8 vol. Le document recommande aussi de retirer le Dôme vert, qui surplombe la tombe et les chambres qui l’entourent. 148. Idris, 1959 : 328. Un plan visant la destruction de la tombe du Prophète Mahomet située dans la Grange Mosquée de Médine ( Arabie Saoudite ), le deuxième lieu saint de l’islam , et le déplacement du corps vers un cimetière voisin est envisagé par les autorités wahabites du régime, a révélé lundi 1er septembre le journal britannique The Independent. D’après Jâbir b. Pour les autres versions, voir Wensinck, 1992, I: 452. Il reçut la Révélation à l’âge de quarante ans et continua à la recevoir dix ans à La Mecque et dix ans à Médine. Cette question, abordée occasionnellement dans nos recherches, mériterait une étude d’ensemble. Denis Gril, « Le corps du Prophète Â», Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [En ligne], 113-114 | novembre 2006, mis en ligne le 10 novembre 2006, consulté le 30 décembre 2020. Ê¿Alî, non seulement guéri, mais doué aussi ce jour-là d’une force surhumaine, arrache seul une lourde porte et permet ainsi aux musulmans de prendre la ville fortifiée (Ibn Hishâm, 1955 : 334-335)26. La Sunna au contraire livre de nombreux témoignages sur l’apparence physique de Muḥammad et sur les manifestations de respect dont était entouré son corps. Les miracles du prophète mohamed صلى الله عليه وسلم ... Alors, ils crurent que ce qui s'était passé, n'était pas fait par un être humain, et ils laissèrent le corps en dehors de la tombe. Le lien entre l’aspect extérieur et la forme intérieure, entre le khalq et le khulq, se présente dans la Sunna comme une évidence, qu’il s’agisse du Prophète ou de n’importe quel être humain. The body in Islam has a double relationship to the sacred : it is marked by the divine and reflects its presence. 39La mention du sexe célèbre l’hymen virginal du corps et de l’Esprit. Elles posent, comme dans toutes les traditions religieuses, la question de la relation persistante entre le corps et l’âme dans la tombe. À al-Abá¹­ah, au retour de Minâ, Bilâl appelle à la prière, entre dans la tente du Prophète et en ressort avec le récipient où le Prophète a fait ses ablutions et chacun se précipite pour en prendre un peu (Bukhârî, 2001, manâqib, 23 (á¹£ifat al-nabî), hadîth n° 3566, V : 36-37. Si l’on définit le sacré par ce qui porte la trace du divin par opposition au monde ordinaire ou profane, le sacré en islam prend avant tout sa source dans la Révélation, réalité transcendante descendue, selon le Coran, sur le cœur du Prophète1. Doué de facultés miraculeuses, son corps, décrit dans ses moindres détails, atteste sa perfection. Nous avons relaté le déroulement de la première révélation du Prophète Mohamed (Salla Allah alayhi wa salam) alors qu’il s’était réfugié dans les grottes du mont Hira. Dans le hadith, les occurrences de jasad, beaucoup plus nombreuses que celles de jism, très peu attesté, confirment le sens de corps dans sa relation avec l’esprit12. Sa tolérance : L’affirmation par le Prophète, d’une part que « Dieu a interdit à la terre de manger les corps des prophètes » et d’autre part qu’« Il n’est personne qui ne me salue sans que Dieu ne me rende mon esprit pour que je lui rende son salut »47, donne à penser que le corps dans la tombe reste le vecteur d’une présence et d’une influence qui explique que l’on visite et salue le Prophète comme de son vivant. Le Prophète, lui, s’identifie à tous les modèles prophétiques qui lui sont proposés : du corps éprouvé de Job au corps sublimé de l’Ascension redescendu vers les hommes. Selon une tradition transmise par ʿÂ’isha, le Prophète se trouve couché dans la chambre de celle-ci, les jambes ou le bas des cuisses découvertes. — Dieu, répond-il, a interdit à la terre de manger les corps des prophètes » (Ibn Ḥanbal, s. d., IV : 8. Samhûdî (m.911/1506), 1984, Wafâ’ al-wafâ’ bi-akhbâr âær al-Muṣṭafâ, éd. La sourate al-Qiyâma (LXXV), “la Résurrection”, illustre de manière particulièrement dense ce retour de la fin au début qui confère au corps son rôle de réceptacle de la Révélation et le sacralise ainsi. Ibn SaÊ¿d (m. 230/845), s.d., Al-Ṭabaqât al-kubrâ , éd. Dieu le rappela à lui, alors qu’il n’avait pas vingt cheveux blancs sur la tête et dans la barbe » (Bukhârî, 2001, manâqib, n° 3547-3548). 40 À la fin de la vie du Prophète, lors du pèlerinage de l’Adieu, cette pratique semble bien établie. Ses effets se prolongent tout au long de sa mission. Le Jour de Khaybar, il remet l’étendard à Ê¿Alî dont les yeux sont pleins de chassie. Le corps du prophète mohamed La vraie mort de Mahomet - Le Poin . Jasad signifie plutôt la forme corporelle prise par un esprit pour apparaître aux hommes. Ils demandèrent : — Ô Envoyé de Dieu, qu’as-tu vu ? La description de son apparence corporelle a même donné lieu à une sorte de “vulgate”, le hadith de Ê¿Alî qui le décrit très précisément : « Il n’était ni d’une grandeur excessive ni d’une petitesse ramassée mais d’une taille moyenne. 36Les corps de ceux qui se seront purifiés dans ce monde en porteront la trace dans l’autre. Une tradition prophétique enseigne qu’« il y a dans l’homme un os que la terre ne mange jamais et à partir duquel il sera recomposé le Jour de la Résurrection. Ali ibn Abi Talib est le cousin du prophète de l'islam Mahomet et fils d'Abû Tâlib, oncle de Mahomet qui l'a élevé et protégé comme son propre fils après la mort de son père Abdullah. Il ne dit pas autre chose de Surra, la servante abyssine de son épouse Umm Salama ; quand il apprend qu’au lieu de vider son pot de chambre, elle en a bu le contenu : « Elle s’est entourée d’un enclos contre le feu » (Kândihlawî,1968, II : 581-2). De même, la chamelle montée par le Prophète ploie ses membres antérieurs quand le Coran descend sur lui (Ibn Sa‘d, s.d., I: 197). Son visage n’était pas trop gros ni ses joues trop gonflées. Ibn Ḥanbal, s.d., IV : 66. Elles sont conseillées aux malades en convalescence après des opérations. Cité, entre autres, par Ibn Qayyim al-Jawziyya, 1968 : 18-19. Il critique quelques propositions de Subkî (Suyûṭî, 1352 H., II : 139-155 ; et également Suyûṭî, 1967, III : 403-406). Celui-ci renvoie à cette pudeur qui, toute louable qu’elle soit, distingue ‘Uthmân d’Abû Bakr et ‘Umar dont l’intimité plus grande avec le Prophète entraîne une autre relation, plus détendue, avec son corps. 5La langue arabe connaît trois termes différents pour désigner le corps, reflétant ainsi la complexité de la relation avec le corps et l’esprit. Qui le voyait pour la première fois ressentait pour lui une crainte respectueuse ; qui le fréquentait, l’aimait. Ces précisions soulignent combien les effets du Verbe adressé au cœur se propagent dans le monde corporel, sacralisant celui qui le reçoit. Implicitement, cette hâte du Prophète est mise en rapport, sur un autre plan, avec celle de l’homme ordinaire qui désire « celle qui se hâte », c’est-à-dire la vie immédiate au détriment de l’autre où les hommes seront distingués par leurs visages lumineux ou soucieux. Voir également les références sur la description du corps du Prophète, signalées infra. Il pose la main sur le bord d’un puits dont l’eau se met aussitôt à sourdre (Ibn Hishâm, 1955 : 527) et plusieurs compagnons affirment avoir vu l’eau jaillir de ses doigts (Bayhaqî, 1985, VI : 9-10, 11, 62). 41 Kândihlawî, 1968, II : 581-2, d’après Bayhaqî et Abû Nucaym (Ḥilyat al-awliyâ’, I: 330). Nyberg, Leiden. Quand le Prophète, à son retour de Ṭâ’if, rencontre Ê¿Addâs, chrétien originaire de Ninive et esclave chez les Banû Ṭaqîf, et que ce dernier réalise qu’il a en face de lui un prophète, il s’empresse de lui embrasser la tête, les mains et les pieds. Une seule fois, et pour les besoins de sa mission, il manifeste une force exceptionnelle. This body gifted with supernatural powers, depicted ingreat detail, symbolises the perfection of this human being. Ses membres et sa carrure étaient forts. C’était le plus véridique des hommes, le plus fidèle à ses engagements, le plus doux de caractère et le plus bienveillant en société. Voir aussi Bukharî, 2001, anbiyâ’ 35, n° 3414, où le Prophète met en garde ses Compagnons contre leur tendance à le déclarer supérieur aux autres prophètes. Mohammed est le Prophète … Il reçut la Révélation à l’âge de quarante ans et continua à la recevoir dix ans à La Mecque et dix ans à Médine. Il est dit du moine qu’il se mit « à regarder certaines parties de son corps (ashyâ’ min jasadi-hi), selon la description qu’il avait de lui ». Le magazine satirique français Charlie Hebdo a réédité les caricatures du prophète Mahomet qui ont fait de lui la cible d'un attentat terroriste meurtrier en 2015. Allah dit: « Et tu es certes, d'une moralité imminente. Cette partie de son corps, ainsi que certains objets reliques (mukhallafât al-rasûl, âthâr al-nabî) conservés par les dynasties régnantes, ont perpétué sa présence sur la terre. Ce dernier prend le récipient, s’éloigne et en avale le contenu. Testament du Prophète (P) à l'Imam 'Alî (p): Le perfectionnement moral (du bon caractère) 139. Khâlid b. al-Walîd portait dans son bonnet des cheveux du Prophète qu’il avait recueillis alors que celui-ci se désacralisait de la Ê¿umra. Meyer F., 2005, Bemerkungen zu Muhammed Verchrung, 2e partie : Die Taá¹£liya in sufischen Zusammenhänge, éd. D'origine arabe, Mohamed est certainement le prénom le plus illustre et le plus significatif pour les musulmans. et aux cheveux droits, comme un homme de Shanû’a. Le Coran enseigne aux croyants que si le corps reste en apparence le corps, sa réalité ultime est autre. Beyrouth, 5 vol.Â. Abû NuÊ¿aym Al-Iá¹£fahânî (m. 430/1038), 1320 H, Dal’âil al-nubuwwa, Ḥaydarâbâd, reprod. C’est à ces cheveux qu’il attribuait ses victoires (Bayhaqî, 1985, VI : 249). 29Même si le cas de Ê¿Abdallâh b. Al-Zubayr est un peu particulier, car chez lui l’absorption du sang confirme son caractère bouillant et valeureux et annonce sa destinée tragique, dans ces différents exemples, la consommation de matières normalement impures et interdites non seulement n’est pas réprouvée mais augure de la félicité posthume de ceux qui les absorbent. Ce sont d’autres qualités, de perception ou d’action plus subtile, que montre en général son corps miraculeux. L’utilisation du cachet n’était pas courante en Arabie et ce, jusqu’à l’hégire. 30L’islam ne connaît pas le culte des reliques, si on entend par là le corps mort, en tout ou en partie. Quand le Prophète, après la première apparition de Gabriel, doute de la nature de l’être qui se présente à lui, Khadîja, son épouse lui demande de le prévenir quand il reviendra, ce qu’il fait. supra). Sur la vision par derrière comme par devant, voir également Bayhaqî, 1985, VI : 73, et sur la vision de jour comme de nuit VI : 74-75. Celui qui le décrit ainsi ajoutait : je n’ai jamais vu, ni avant lui ni après, quelqu’un comme lui – que Dieu fasse descendre sur lui la grâce et la paix » (Ibn Hishâm, 1955, I: 401-402)29. Il pose la main en écartant les doigts sur la gorge de Fâṭima qui souffre de la faim et dont le visage est d’une extrême pâleur, en invoquant Dieu. C’était le plus véridique des hommes, le plus fidèle à ses engagements, le plus doux de caractère et le plus bienveillant en société. Une autre tradition généralise ce cas : « Les prophètes sont vivants dans leur tombeaux, en prière » (Subkî, 1371 H : 179-80). La structure cyclique de la sourate et l’insistance sur la composition et recomposition du corps, peuvent être mises en relation avec l’ordonnance progressive du Coran à laquelle le Prophète doit se conformer jusque dans les mouvements de son corps. Malheur aux hommes de ta part et malheur à toi de la part des hommes. ». Lors du creusement du Fossé, à Médine, un rocher compact résiste à la pioche des Compagnons. Cette image de l’illumination du corps de résurrection, grâce aux rites corporels accomplis dans ce monde, concerne donc l’ensemble des croyants. En particulier, p. 164-168, les différentes parties du corps sont mises en relation avec les caractères qu’elles révèlent. 27 Coran, XVII : 82 : « Et Nous faisons descendre du Coran ce qui contient une guérison et une miséricorde pour les croyants ». De même que les croyants et les croyantes vénèrent son corps sacré, ses épouses, témoins de son intimité, doivent à partir d’un certain moment se retirer derrière le voile de leur sacralité, en tant qu’épouses du Prophète et mères des croyants (Coran, XXXIII : 53 et 6). 7La préparation du cœur et du corps s’explique par la pureté nécessaire à la réception de la parole et à l’élévation vers Dieu, mais aussi par le caractère éprouvant de la révélation. La mosquée du Prophète, Masjid Al-Nabawi, à Médine, qui renferme la tombe de Mahomet, attire chaque année des millions de pélerins musulmans. L’ange, ne pouvant s’approcher d’un homme dans une telle relation avec sa femme, s’éloigne, et Muḥammad est ainsi rassuré et convaincu qu’il n’a pas été abusé par un démon (Ibn Hishâm, 1955, I: 239). 23Ce sentiment est si fort chez certains compagnons qu’il entraîne une extrême pudeur, comme dans le cas bien connu de ‘Uthmân qui déclarait que sa main droite n’avait plus jamais touché son sexe depuis qu’avec elle, il avait prêté serment d’allégeance au Prophète37. Le Prophète crache dans un récipient, accomplit une courte prière puis jette l’eau sur le rocher qui devient meuble et n’offre plus aucune résistance (Ibn Hishâm, 1955 : 217-218). Hadith authentiques du Prophète Mouhammed ﷺ, classés par catégories, en arabe et français et chacun illustré par une image 37 Cf. C’est du moins ce que préconise un rapport de 61 pages qui circule entre les mains des responsables en charge du lieu saint. Le contact avec ce corps sacré, au seuil de la mort en particulier, est donc vecteur de salut dans l’au-delà. Suivent les traditions sur son apparence physique et ses vertus (cf. Dans l’histoire de Salomon comme dans celle du Veau d’or, le verbe alqâ, “projeter” exprime la descente et l’introduction d’un esprit dans un corps. Dans une autre version, quand le prophète lui demande pourquoi il a agi ainsi, le garçon lui répond : « J’ai voulu que le sang de l’envoyé de Dieu soit dans mes viscères ». They kiss it and even absorb its excretions in order to be saved in the afterlife. Beyrouth, 10 vol.Â. On parle alors de “corporisation” des esprits (tajassud al-arwâh). Hishâm b. al-cAá¹£ qui rapporte l’entrevue, décrit le physique de chaque prophète et reconnaît l’image de Muḥammad, contenue dans le dernier compartiment. De même tout homme est sacré pour son prochain, comme le Prophète le rappelle solennellement lors du pèlerinage de l’Adieu, résumant ainsi les principaux commandements de la Loi5. Ibn Qayyim al-Jawziyya (m.751/1350), 1968, Jalâ’ al-afhâm fîsalâtÊ¿ alâ khayr al-anâm, éd. Le Prophète a le plus parfait et le plus noble caractère parmi les créatures de Dieu. Suivre la voie du Messager (saw) consiste à faire de sa Sunna notre mode de vie, le prendre pour guide tout au long de notre voyage dans le bas monde et exprimer, par ailleurs, notre appartenance au Prophète (saw) quant à l’analyse que nous portons de la vie, des événements, des objets et de l’univers. Toutefois l’attention portée d’abord par les Compagnons puis par les générations suivantes de musulmans à l’aspect physique du Prophète et à son caractère s’explique également par l’idée que chacun de ses traits peut comporter une signification, conformément aux lois de la physiognomonie28, et que l’impression d’harmonie et d’équilibre qui se dégage de sa personne reflète sa perfection tant physique que spirituelle. 51 Bukharî, 2001, anbiyâ’ 1, n° 3326 : « Dieu a créé Adam d’une taille de soixante coudées…Tout homme entrant au Paradis retrouvera la forme d’Adam, car les hommes n’ont cessé de diminuer jusqu’à maintenant ». Hasan M. al-Masʿûdî, Le Caire, reprod. Rappelons simplement que la lumière primordiale du Prophète ayant pris corps lors de sa naissance terrestre, explique qu’il soit le premier à ressusciter : « Je suis le seigneur des fils d’Adam le Jour de la Résurrection, soit dit sans fierté (wa lâ fakhr) ; je suis le premier pour qui la terre se fendra le Jour de la Résurrection, soit dit sans fierté ; je serai le premier intercesseur le Jour de la Résurrection, soit dit sans fierté »50. En ce qui concerne les hommes, c’est leur contact plus ou moins proche avec le sacré qui confère à leur personne, et à leur corps en particulier, une sacralité plus ou moins grande. Une tradition rapporte qu’il avait reçu la puissance sexuelle de quarante hommes (Ibn SaÊ¿d, s.d., I: 374) et qu’il faisait le tour de ses femmes en une nuit. Sur ce “sceau”, voir, entre autres, les traditions réunies par Tirmidhî, 1985 : 37-44. Quand il marchait, il hâtait le pas, comme s’il descendait une côte. Ce n’est pas le thème bien connu de l’annonce du Prophète par les Ecritures juives et chrétiennes qui nous importe ici, mais le fait qu’elle soit en grande partie fondée sur la description d’un corps marqué dans toute ses parties et ses gestes par l’héritage de la prophétie35. Le prophète de l'islam, victime d'un abus de faiblesse ? Grâce à ce signe corporel, il est définitivement reconnu comme le prophète attendu par certains personnages informés de la tradition des Gens du Livre, tel le moine BaÌîrâ alors qu’il accompagne son oncle Abû Ṭâlib en Syrie18 ou Salmân, peu de temps après son arrivée à Médine (Ibn Hishâm, 1955, I: 220)19. Quand il se réveille, il lui demande ce qu’elle fait et elle lui répond : « C’est ta sueur, nous la mettons dans notre parfum car c’est le meilleur des parfums » (Muslim, 1329 H, faḍâïl 83, VII : 81). Aborder la question de la terre et du corps de résurrection49, selon les données du Coran et de la Sunna, dépasse le cadre de cette étude. Voir également Suyûṭî, 1967, I : 149-177 ; celui-ci part du sceau de la prophétie, mêle les caractéristiques des différentes parties du corps aux capacités physiques et intellectuelles (l’ouïe, la voix, l’intelligence, la marche, le sommeil, la puissance sexuelle, l’absence d’ombre ou de pollution nocturne) et finit par la spécificité de son urine et de ses excréments. Ses yeux étaient très noirs et ses cils longs. Zaynab, qu’Allah soit satisfait d’elle, provient d’une tribu aisée et Zayd est un esclave, malgré le fait qu’il soit le fils adoptif du Prophète… 19Ces descriptions ne se limitent pas au Prophète. — Peut-être l’as-tu bu ? Il est normal qu’un corps traversé par le Verbe soit pénétré de son pouvoir de régénération et de guérison27. — Et pourquoi as-tu bu le sang ? Il lui arrive souvent d’imposer les mains. On est frappé, en lisant le Coran, de l’importance accordée au corps de l’homme et à toutes les phases de son développement depuis l’éjection initiale de la goutte de sperme. Idris H. R. (éd. 'Abdallâh, on pouvait le suivre à Médine au parfum qu’il laissait sur son passage. A sa naissance, Mohammed fut confié à Halima Saadia qui lui servit de nourrice comme l'étai… H.S. Dans une autre tradition l’ange se présente au Prophète en présence de sa femme Umm Salama sous la forme d’un Compagnon, Diḥya al-Kalbî (Bukhârî, 2001 : faḍâ’il al-qur’ân 1 n° 4980). Le Coran parle en général de “la constitution dernière” (al-nash’at al-âkhira) dans laquelle l’homme sera recréé (Coran, XXIX : 20 et LIII : 47), du rôle du corps comme témoin des actes de l’homme lors du jugement (Coran, XXIV : 24 ; XXXVI : 65 ; XLI : 20-21), du corps adamique primordial que retrouve tout homme en entrant au Paradis51. Soumission : Recommandations d’écriture aux auteurs. Les Enseignements du Prophète à Abû Tharr 162. Quand Ê¿Uthmân demande à son tour à être introduit, le Prophète se rassoit, se couvre et le reçoit. Patrimoines – Islam, 2005, 422 p. Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International. Dans une autre tradition, le Prophète leur demande pourquoi ils agissent ainsi. Beyrouth, 2 vol.Â, Ṭabarî (m. 310/923), 1971, JâmiÊ¿ al-bayân Ê¿an tawîl al-qurân, éd. Denis Gril, « Le corps du Prophète Â», Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 113-114 | 2006, 37-57. 36 Ibn al-Jawzî, 1976, II : 39-67. Les autorités, accusées depuis longtemps de détruire le patrimoine historique de La Mecque, avait expliqué l’an dernier agir avec « le plus grand soin » s’agissant des lieux saints. 35Il ne semble pas toutefois que la Sunna comporte un enseignement spécifique sur le corps du Prophète dans l’au-delà.